L'état de "flow" (flux)

Comme pour tout acte de création, il est difficile de savoir par où commencer. Pour se mettre dans l'ambiance, on suggère souvent de trouver un endroit relaxant avec peu de distractions. Certaines personnes utilisent la musique ou une télévision allumée en arrière-plan pour se distraire - d'elles-mêmes. Les bruits ambiants, les chœurs, les battements binauraux, le silence - tout cela peut contribuer à assouplir le monde intérieur et extérieur. Il en résulte un "être un", un "être tout" et l'amnésie qui va souvent de pair avec la transformation d'une toile vierge ou d'un écran en art.

Illustration 1 : Mu, Hands, Digital Art.

Le plus grand saut de confiance est tout simplement le début, le moment où le pinceau se pose sur la toile ou où la première forme numérique apparaît. Les pensées de la journée s'estompent, s'estompent et disparaissent à chaque élan ou clic. C'est un tremplin à partir duquel on peut entrer dans "l'état de flux", un concept introduit par le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi, mais qui est très ancien. Csikszentmihalyi l'exprime ainsi : "[L'état de flow est] un état dans lequel les gens sont tellement impliqués dans une activité que rien d'autre ne semble avoir d'importance ; l'expérience est si agréable que les gens la poursuivent, même au prix de grands efforts, simplement pour l'amour de l'activité". Chaque artiste sait exactement de quoi il parle. T'est-il déjà arrivé d'oublier de manger ou de remarquer à peine les couleurs de la chambre qui changent avec le lever et le coucher du soleil, parce que tu as travaillé si intensément sur une œuvre d'art ?

Illustration 2 : Mu, Infinite Babies, Digital Art.

Vivre l'état de flow, c'est comme se regarder créer, comme les mots s'écrivent d'eux-mêmes, les images s'agencent sans aide, le choix des couleurs et des angles semblent préétablis et organisés et s'enchaînent sans effort, sans aide ; le point le plus élevé de l'état de flow est l'absence du témoin lui-même. Chaque chanson, sonnet, peinture, pièce et poème est né de cet état de "non-existence". Dans l'état de flow profond, on ne rêve pas, il n'y a pas de bavardage ni d'images, la voix douce et la vision des images ont été noyées dans une concentration concentrée, si silencieuse qu'elle passe totalement inaperçue. La particularité de l'état de flow réside dans le fait que le "tu" doit complètement disparaître pour l'atteindre. En fait, toutes les pensées et les émotions doivent avoir complètement quitté l'espace créatif. Il s'agit d'un état profondément désirable, recherché depuis des milliers d'années. Grâce à l'art, il est non seulement accessible, mais aussi nécessaire pour obtenir le meilleur résultat possible.

Image 3 : Mu, The Room, Digital Art.

Malheureusement, en raison de sa nature particulière, l'état de flux pleinement exprimé ne peut jamais être réellement expérimenté. En tant que "non-état", il ne se produit qu'en l'absence de noms, de connaissances et des fonctions reconnues des objets, du temps, de l'espace et du soi. La conscience du "tu" est l'antidote indésirable, le fait de savoir que l'on était dans l'état de flow est un événement rétroactif. Nous connaissons tous cet état en conduisant une voiture ou en suivant le déroulement d'une routine bien rodée, mais ce n'est que par l'art que l'on peut ramener un souvenir que l'on peut appeler sien, mais qui a extraordinairement peu de rapport avec le "tu".

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